Nicky Gravier Bonnet

Poste : Spécialiste des Hydraires tropicaux (taxonomie, biologie et écologie des espèces). Chercheur associé du Laboratoire d’Ecologie Marine (ECOMAR) de l’Université de La Réunion

Les Hydraires Ecomar /

Quel bonheur d’emprunter avec cette magnifique goélette la passe Nord du Grand Récif de Tuléar quelque 40 ans après mon 1er séjour ici comme jeune étudiante de la Station marine de Marseille, prenant l’avion pour la 1ère fois de sa vie ! Et de filer bon vent avec Antsiva, d’abord vers Europa, puis vers Bassas.
L
a confiance est établie très rapidement, car comment ne pas être en admiration devant l’adresse de l’équipage en cours de chemin comme à l’approche des îles ? Les enfants eux-mêmes participent à la vie du bord, et avec quelle adresse Lou et Rafaël nous ont-ils piloté sur l’annexe !
Pour moi, c’est une première de naviguer sur un si beau bateau, toutes voiles dehors… Souplesse de la navigation, efficacité des mouillages, gentillesse des hôtes, excellence de la cuisine, ambiance super amicale de notre groupe pluridisciplinaire,tout cela restera un souvenir inoubliable.

Nous voilà de retour à Tuléar. Notre mission a été fructueuse sur le plan scientifique. Sergueï et moi nous avons, en une semaine , récolté à Europa environ 100 échantillons que nous avons pour la plupart triés à l’aide de loupes binoculaires installées dans la cuisine du Camps Météo, qui nous servait de laboratoire.

Cela nous permet de doubler le nombre d’espèces d’hydraires déjà répertoriés sur Europa (65 espèces). Vu qu’il reste encore de nombreuses zones de l’île à étudier, nous pouvons faire l’hypothèse qu’Europa a une grande richesse spécifique, comparable à celle des îles Juan de Nova et Glorieuses que nous avons déjà étudiée. Par ailleurs nous avons un aperçu sur la répartition des espèces dans le milieu. Les animaux de la zone intertidale, celle qui émerge à marée basse et que nous avons explorée, supportent des conditions environnementales très variables (température, lumière,courants), contrairement à ceux que l’on trouve plus profondément, où les conditions sont plus stables.

Bassas da India n’avait encore jamais été étudiée ! D’où la joie de pionnière qui m’a envahie lorsque j’ai posé le pied à marée basse sur cet anneau corallien fossile qui est totalement submergé à marée haute. Quel dommage que Chloé Bourmaud, ma collègue et amie, n’ait pas été là pour partager cette impression avec moi… Heureusement il y avait Sergueï ! Et sur chacune des zones explorées, ses yeux de myopes ont été excellents pour détecter les petites colonies fixées sur le fond ou sur les petites algues !

Mission vécues avec Antsiva