Mercredi 16 novembre
Pendant la journée, le vent du sud s’est bien levé rendant quelque peu périlleuses les manœuvres d’embarquement depuis l’annexe..
Enfin à 17h, tout le monde est à bord et nous appareillons juste après le diner. Simon en sera quitte pour abandonner son sac de voyage qui s’est égaré dans les transferts aériens. Qu’a cela ne tienne, il a pu s’acheter aux fripes de Tuléar, un short, un tee shirt et un bandana. Et le voila paré pour 15 jours de mission !
La dépression du sud nous pousse et nous faisons route sous voile avec une belle houle de ¾ arrière. Sami fait connaissance avec le mal de mer et ne se déplace plus sans son seau !
Quant à Renaud, il prend son rôle d’ecovolontaire très à cœur et se lance dès le premier soir dans la préparation de la capeirina…
Vendredi 18 novembre
Après 30 heures de navigation, Antsiva retrouve son mouillage devant la station météo d’Europa. Nous mettons à l’eau le bateau de plongée que nous avions laissé sur la plage ainsi que l’annexe de Kelonia arrivée par le Transal.
Deux plongées sont programmées sur la station Reef Check. Le récif corallien est toujours aussi beau et sur le tombant passent les requins et les thons dent de chien.
Samedi 19 / Dimanche 20 novembre
Deux jours de travail intense dans la mangrove. Il s’agit pour les scientifiques de capturer les tortues vertes juvéniles. Ces captures se font à travers la technique éprouvée du Jumple Turtle. Pour cela, il faut une annexe avec un pilote et un attrapeur. L’attrapeur, posté debout a l’avant de l’annexe indique en permanence au pilote la direction et les mouvements de la tortue. Le bateau suit la tortue. Lorsque la tortue arrive à la proue du bateau, l’attrapeur plonge et capture la tortue par les deux pattes antérieures. Sans lâcher sa prise, l’attrapeur ramène la tortue dans l’annexe ou elle va être pesée, mesurée, baguée, photo-identifiée et prélevée génétiquement.
Un autre travail consiste à poser des balises Argos sur ces tortues juvéniles qui peuplent la mangrove d’Europa.
Au total, 11 balises sont posées. Il faut prendre le point GPS au moment exact de la capture, poser la balise sur la carapace et relâcher la tortue au même point GPS. Ceci va ensuite permettre aux scientifiques d’étudier les mouvements des juvéniles. Ou se déplacent-elles dans la mangrove ? Sortent-elles de la mangrove ? Ont-elles des déplacements nocturnes ?
Au mouillage, la présence d’Antsiva attire toute une faune qui semble demeurer sous le bateau. Ainsi, les carpes rouges, les carangues noires et les vivaneaux sont presque devenus nos poissons de compagnie. Mais c’est aussi l’époque pour observer les requins marteaux et il n’est pas rare d’en apercevoir de temps en temps évoluer a l’arrière du bateau.
L’équipe de plongeurs veut en avoir le cœur net. En fin d’après midi, ils plongent sous le bateau et … leur espoir n’est pas déçu, ils tombent nez a nez avec un banc de 80 requins marteaux qui passent sur le tombant.
Un autre volet de la mission doit se passer sur l’atoll de Bassas da India. Personne n’a encore jamais étudié la présence de tortues sur Bassas. Il faut dire que pour pouvoir mouiller en toute sécurité sur Bassas, les conditions météo doivent être optimales. L’année dernière, alors que nous arrivions sur les lieux, l’équipe avait du renoncer á ce projet en raison du mauvais temps. Cette année sera-t-elle plus favorable ? Nicolas suit au jour le jour les informations données par Météo France et justement, une fenêtre météo idéale semble se dessiner pour dimanche soir.
Il ne faut pas laisser passer cette chance. Apres avoir déposé a terre Simon et Jean-Yves qui souhaitent rester sur Europa, nous appareillons en fin d’après midi. Le vent du sud nous pousse toujours. La mer est bien formée mais cette dépression doit passer dans la nuit et nous devrions ensuite avoir deux jours de calme plat sans vent sur Bassas.
Lundi 21 novembre
Nous arrivons dans la matinée à Bassas. En effet, la mer s’est bien calmée et nous faisons un premier mouillage au nord-est de l’atoll. Nous notons au passage la présence illégale d’un catamaran sud africain qui semble organiser de façon régulière des charters plongées et pêche au gros.
Nous faisons un premier snorkeling autour du mouillage en compagnie de très nombreux requins Galápagos. Ceux-ci ne semblent pas du tout craintifs, plutôt curieux car ils s’approchent très près des plongeurs. Pendant qu’Eric, totalement a son aise, joue avec eux, Sami, pas du tout rassuré, se sert de sa petite camera GO-Pro fixée sur une tige télescopique comme repoussoir a requin. Evidemment, la camera était allumée et cela donne des images plutôt cocasses !
L’après midi, a marée haute, l’équipe part en annexe dans le lagon pour un premier repérage. Elle revient bredouille, pas une seule tortue n’est aperçue. Pas non plus de requin tigre, qui, selon les rumeurs, serait présent dans le lagon !
Le soir, les requins tournent toujours à l’arrière du bateau. On en repère un ou deux plus gros que les autres et Hendrick parvient à faire quelques belles images de requins dans la nuit.
Mardi 22 novembre
Lever de soleil sur Bassas. Magique. La mer est d’huile. Pas un souffle d’air. Pas un nuage. Un camaïeu de bleus tout autour de nous et le récif qui se découvre peu a peu laissant émerger ses roches en plein milieu du canal du Mozambique.
Sami profite de la marée basse pour ‘poser le pied a terre’ et faire quelques images sur le récif.
Les plongeurs partent en plongée bouteille et aperçoivent une tête de tortue respirer à la surface. Mais celle-ci est très furtive et les scientifiques n’ont pas le temps de l’identifier. La plongée est surtout marquée par la présence de grosses loches peu craintives qui se laissent caresser pendant que les requins poursuivent leur ronde.
De retour au bateau, les requins Galápagos sont toujours là. L’eau est tellement cristalline que nous pouvons suivre leurs évolutions depuis le pont d’Antsiva.
Apres le déjeuner, une seconde plongée est programmée autour du mouillage. Les plongeurs croisent un espadon voilier et surtout une monstrueuse loche dont ils estiment la taille a 2,50m, elle porte les marques d une grande longévité. Reste à espérer que ce seigneur des lieux n’aura pas sa vie abrégée par un pêcheur sud-africain amateur de trophées ! Quel bestiau !!!
A marée haute, l’équipe part dans le lagon pour une seconde observation tortues. Malheureusement, lors d’une manœuvre en annexe, Jérôme tombe et se blesse. Rien de grave, mais il a une belle entaille sous le genou. Nous refermons la plaie avec des SterilStrip. Le plus ennuyeux est l’immobilisation de la jambe qui contraint Jérôme a stopper toute activité sportive pendant quelques jours. Grommèle, grommèle …
Les deux jours sur Bassas sont déjà finis. Il est temps de lever l’ancre pour rejoindre Europa.
Mercredi 23 novembre
Arrivée sur Europa au petit matin. Nous retrouvons nos deux terriens, Simon et Jean-Yves. Ceux-ci ont sillonné l’ile pendant deux jours. Le premier en ramène de belles photos, le second a mis les pas dans ses traces laissées quelques 28 ans auparavant …
Les scientifiques reprennent leur travail dans la mangrove. Sami les accompagne pour les images du film. Jérôme, consigné à bord, ronge son frein
Jeudi 24 novembre
Une petite équipe composée de Renaud, Sami et Jean-Yves partent de très bonne heure pour faire le tour du Grand sud et aller voir les colonies de sternes. Saluons au passage la prestation de Sami, qui, camera sur l’épaule a effectue ses 8 heures de marche simplement chaussé de sandales en plastique (méduses pour les connaisseurs) !
Pendant ce temps, Eric et Nicolas arpente la plage à la recherche d’émergences de bébés tortues. Il explique comment trouver sur le sable la forme conique caractéristique et comment ensuite pelleter le sable a cet endroit pour libérer les petites tortues. Celles-ci sont souvent trop profondément enfouies et ont du mal à rejoindre la surface. Il parvient ainsi a libérer une trentaine de bébés tortues qu’il ramène au bateau afin de les relâcher en pleine mer et éviter ainsi les premiers prédateurs.
L’après-midi, une petite équipe retourne dans la mangrove en profitant de la marée haute.
Nicolas joue au garde malade car aujourd’hui, en plus de Jérôme toujours immobilisé au bateau, c’est au tour d’Hendrik de rester au lit. Nos deux lurons prennent leur mal en patience mais ils piaffent et tournent en rond comme des lions en cage …
Du 25 au 28 novembre
L’équipe de nouveau au complet va passer deux jours entiers dans la mangrove.
Certains capturent des tortues pendant que d’autres étudient la cartographie des nombreux bras de la mangrove. L’intérêt est aussi de localiser les herbiers où se nourrissent les juvéniles.
Les ‘Jumple turtle Boys’ ont bien travaillé puisque avec leur 94 captures, ils ont battu les records et largement depassé l’objectif prévu initialement des 50 tortues.
Mardi 29 novembre
Dernière matinée sur Europa. Tandis que Sami filme une ultime ponte matinale, les plongeurs effectuent une dernière plongée.
Midi, nous relevons l’ancre. Un fort vent du sud souffle, mais nous avons des impératifs d’horaires à respecter et nous devons partir.
Le début de traversée est un peu plus musclée et un peu plus mouvementée qu’a l’aller. Certains connaissent du vague à l’âme …
Jeudi 1er décembre
A 3 heures du matin, le 1er decembre, nous arrivons au port de Tuléar. Ouf, Renaud ne loupera pas son avion qui décolle dans quelques heures !
Le reste de l’équipe doit effectuer un dernier travail de collecte d’algues. Pour cela, nous allons mouiller dans le lagon d’Ifaty où les eaux sont plus claires et la baignade plus agréable. Pour nous guider dans les méandres du lagon Nathalie et Denis de l’hôtel Nautilus nous envoie un zodiac qui nous guide jusqu’au mouillage.
Vendredi 2 décembre
Nathalie et Denis se sont occupes de réserver des taxis pour l’aéroport, ils veillent a la logistique du débarquement des bagages. Ce qui nous laisse du temps pour les aux revoir et c’est avec émotion que nous voyons les 4×4 s’éloigner sur la piste poussiéreuse.Ce fut une mission bien riche en découvertes. Entre autres souvenirs, nous en retiendrons deux particulièrement forts :
les deux jours magnifiques passés au mouillage a Bassas da India et les rencontres quasi quotidienne avec les requins.
Il ne nous aura manqué que Stéphane pour que le tableau soit parfait …Merci a tous pour votre joie de vivre, pour votre enthousiasme et pour tous les lieux fabuleux et toutes les rencontres magiques que vous nous avez permis de partager avec vous au cours de cette mission.
Et un grand merci encore a Jérôme qui, contre vents et marées, a réussi à mener cette mission jusqu’á son terme