Sur la piste des tortues vertes entre Madagascar et Juan de Nova

bébé tortue à madagascar

Lieu : Côte nord-ouest de Madagascar à Juan de Nova

Réalisée en 2007

Chef de mission : Jérôme BOURJEA - Ifremer Réunion

Comme convenu, rendez-vous le 29 mai à Nosy be, point de départ de la mission.
Au programme : un itinéraire de cabotage entre Nosy Be et le cap st André sur la côte malgache. Puis le grand saut jusqu’à l’île de Juan de Nova, but ultime de la mission.

Au total 10 personnes vont participer à ce périple, dans l’ordre d’apparition des photos :

Stéphane, Jérome, Henri, Dominique et Hendrick (Kélonia / Ifremer) pour l’étude des tortues marines.

Sonia et Patrick (Muséum d’histoire naturelle de la Réunion) qui vont étudier les insectes.

Et enfin, Frank, Thierry et Guy qui sont chargés decapturer de belles images et de tourner les filmsde la mission.

Mercredi 30 mai

Tany Kelly sera le premier contact maritime avec Madagascar. L’équipe de Kélonia assure dès le premier jour avec 20 tortues baguées et échantillonnées. Même si le spot est touristique, il reste une réserve marine d’excellente qualité. Nous profitons du déjeuner pour nous rendre sur le second site : l’île d’Ankazoberaviva. Cet îlot brassé par les courants abrite un petit hôtel et donne l’occasion à nos cinéastes d’interviewer le responsable sur ses positions face à la protection de l’éco-système tortue. Arrivés à la nuit au mouillage de la baie des Russes, nous n’aurons pas le temps de nous rendre sur les herbiers.

Jeudi 31 mai

Le second jour, malgré de violentes pluies, nous avons rendez avec la splendide Nosy Iranja, qui, une fois n’est pas coutume, devra dévoiler ses charmes sous un ciel très bas. Kelonia y a établi des contacts et c’est donc l’occasion de récupérer les échantillons collectés par Ignace, le « monsieur tortue » de l’hôtel. Nous décollerons de l’île juste à temps pour nous rendre à Barahamamay. Ce mouillage situé dans l’embouchure d’une rivière, outre son cadre enchanteur, est un point de départ idéal pour aller à la rencontre d’une mangrove authentique et préservée de toute manipulation humaine : ici c’est pollution zéro. C’est avant tout un lieu d’écloserie, mais c’est aussi l’habitat privilégié des échassiers et des martins pêcheurs.

Vendredi 1er juin

Le troisème jour nous mènera jusqu’à l’archipel des Radama et Kalakajoro en sera la première île visitée. Géographiquement c’est l’île la plus haute de l’archipel, mais économiquement elle est surtout réputée pour ses chantiers navals.
On y construit des boutres et des belles pirogues.
L’île abrite également un village temporaire de pêcheurs de « dinga dinga ». Ceux ci s’installent ici pour une période déterminé, le temps pour eux de ramasser un maximum de concombres de mer qui seront ensuite vendus (très chers) à des chinois.
L’exploration sous-marine s’avérera un peu décevante.
Puis, à la faveur de la nuit, équipés de projecteurs puissants, Sonia et Patrick tendent un grand drap blanc sur la plage pour chasser les inscetes. Ils reviennent chargés d’une multitude d’échantillons.

Samedi 2 juin

Après un dernier contact avec le chantier naval, mais cette fois accompagnés de notre marin Tombo qui se charge de la traduction, nous mettons le cap sur notre seconde île des Radama  » Antany Mora ». Cette île abrite une petite unité touristique qui reçoit essentiellement des amateurs de pèche au gros ainsi qu’un village vivant principalement de l’exploitation de holoturies. L’équipe Kélonia / Ifremer revient satisfaite d’avoir pu échantillonner des Tortues Imbriquées et une belle Tortue Chelonia midas de 105 cm de carapace.

Dimanche 3 juin

C’est à 4 heures du matin que nous quittons cette superbe île pour notre prochaine étape : la baie de Moromba. Navigation un peu musclée, au prés serré avec 30 noeuds de vent établi. Antsiva avec sa carène toute propre renoue avec la vitesse. Quel plaisir !
L’approche à marée basse ainsi que le choix du mouillage nous oblige à relever la quille et nous jetons l’ancre dans 3m d’eau. Nous découvrons les criques caractéristiques bordées de baobabs. Les roches, sapées à leur base forment d’immenses champignons dentelés.
Pendant que Sonia et Patrick courent après les insectes et les papillons, l’équipe de tournage prend des contacts avec les pécheurs locaux pour les accompagner dans leurs activités dès le lendemain matin. Quant à l’équipe Tortue, elle prospecte la baie à la recherche de sites de ponte éventuels.

Lundi 4 juin

Ce matin, dans la baie de Moromba, le vent souffle fort et sans arrêt et c’est sur cette mer bien vivante que nos scientifiques et nos caméramen vont suivre les pêcheurs de « dinga dinga » pour filmer leur pêche quotidienne.
Chargée d’images, l’équipe arrive juste à temps pour parcourir les 300 milles qui nous séparent de Juan de Nova, notre prochaine étape. Bien protégé par la côte malgache, le bateau s’envole sur une mer calme et avec 15-16 nds de vent, nous maintenons une vitesse de 10 nœuds une bonne partie de la nuit. Dans la matinée, Eole prendra un peu de repos pour revenir en force et dans la direction opposée en milieu d’après-midi. Ce sont des conditions de mer idéales ou chacun prend la pleine mesure du bonheur de naviguer à la voile à bord d’Antsiva.

mercredi 6 juin

Nous traçons tant et si bien que nous arrivons en début d’après-midi. Pascal (le gendarme) Fabrice (le chef) et Cédric (son second) nous accueillent chaleureusement. Une fois établie qu’il s’agit bien des personnes attendues, ils vont se mette en 4 pour aider toute l’équipe dans leurs différentes tâches

7, 8, 9, 10, 11 juin

Pendant ces 5 jours chacun vaquera à ses occupations. Charge à Antsiva d’assurer la logistique. Quelques flashs pour décrire cette magnifique île : Tout d’abord, ces plages à l’eau turquoise et tellement cristallines. Ces explosions de couleurs que l’on croirait presque iréelles au coucher du soleil. Ces sentiers (très bien entretenus par les militaires) qui serpentent sous les forêts de filaos.
Sonia, Patrick et l’équipe vidéo débarquent à terre afin d’optimiser au maximum leur temps de recherche. Ils s’installent chez le gendarme et parcourent l’île en long, en large et en travers afin de collecter un maximum d’échantillons.
Pendant ce temps, l’équipe Tortue chasse sur la partie sud de l’île. D’abord à pieds, la chasse se révélera beaucoup plus efficace à partir de l’annexe. Jérome, Stéphane et Hendrick se relaient pour effectuer de magnifiques plongeons et capturer les tortues qui seront ensuite baguées et prélevées génétiquement. Au total, 23 tortues seront ainsi attrapées.


L’équipe Vidéo quant à elle capture des images et essaie de couvrir un maximum de sujets. De l’intérieur de l’île avec son ancienne exploitation de chaux, à la chasse aux insectes ou aux tortues, ils sont partout et parcourent des kilomètres de plage, de dune et de sentier, la caméra sur l’épaule.
Hendrik qui a déjà fait plusierus séjours sur Juan de Nova nous indique une épave immergée au Nord Ouest de l’île.
A marée basse, un morceau de gouvernail dépasse encore de l’eau et les plongées peuvent s’effectuer en apnée dans 6 à 8 m d’eau.
On y retrouve une foultitude de poissons et des colonies de coraux ont envahi de nombreuses parties de l’épave.
Les observations sous-marines varient en fonction de l’horaire et de la marée. Les plongeurs de l’après-midi ont de forte chance de rencontrer des prédateurs : les requins ainsi que des grosses carangues ou des barracoudas sont toujours présents en fin d’après-midi.
Alors que les plongeurs du matin bénéficient d’une luminosité et d’une visibilité supérieure et retrouvent uniquement les habitants habituels du récif avec une vie très riche et très colorée.


Plus l’heure du départ approche plus le vent du sud forci. Si le mouillage subit de plus en plus la houle, il nous promet une belle navigation jusqu’aux côtes malgaches.
Enfin, le lundi 11 tout le matériel est réembarqué à bord et nous quittons Juan de Nova en début d’après midi.
Le vent est au portant et nous pousse rapidement jusqu’au cap St André. Nous finissons au moteur pour faire une arrivée de nuit à Mahajanga.

Le lendemain soir nous nous retrouverons tous autour d’une grande tablée de brochettes sur la promenade du bord de mer de Mahajunga.
Une sacrée bonne ambiance bien à l’image de ses 15 jours de vie commune à bord d’ANTSIVA.
Un grand merci à tous pour ces bons moments.